>> Tram #7 to Heaven.

Pastèque. Past taste. Past tense.
La machine à réécrire le passé n'ayant pas encore été mise au point, l'espèce humaine a considéré qu'à défaut, il pourrait être intéressant de conserver des témoignages, des preuves, des traces de ce qui a eu lieu, avant. Par la peinture, par le marbre puis par l'encre et le langage binaire, le plus évolué des bipèdes a fait en sorte de se donner tous les moyens d'éviter de reproduire les erreurs commises. En utilisant ces créations à profit. Ou non.
Mais la mémoire ne saurait se limiter à cela. Tous les sens sont mis en action, tous séparément ou à l'unisson, dès que flotte dans l'air le vent du souvenir.
Un lieu, une voix, un goût, une expression, un phrasé. Se réécrit alors de façon fugace une partie de son passé, d'un personnage, en exacerbant le ressenti suivant l'impression générale que nous en avons gardé. Idyllique ou infernale. La médiété ne concerne pas les fantasmes du passé. C'est ce qui en fait l'une des plus puissantes forces d'attraction-répulsion qui soit. La moindre évocation et c'est une véritable explosion. Le passé peut s'incarner dans le présent, cause de grand trouble.
Le présent peut également agir comme un "passéificateur", en figeant une impression ou quelqu'un dans un passé, un temps révolu dans lequel nous voudrions le cantonner, par exorcisme ou par idéalisation.
Je divague sans doute, je théorise encore une fois bien trop, j'emprunte sûrement des théories qui existent depuis longtemps, bien involontairement, mais...au demeurant, je ne pense pas être un demeuré. Assigné à résidence. Demeurer entre mes murs. Dans mon royaume tendu tout entier vers l'avenir, bâti d'un empilement de souvenirs.