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executivelife (...ou presque)
9 août 2010

>> She only reveals what she wants you to see.

LampadaireNB


D'aucuns appellent cela le syndrome dit "de la fille du métro".
N'étant ni Parisien, ni Lyonnais, Marseillais, Rennais ou encore Lillois, je me conterais de vous conter l'instant qui illumine la journée d'un utilisateur forcené des transports en commun que je suis par la force des choses et la faiblesse de mon opiniâtreté quant à la quête du fameux carton rose.
Ces beautés mutiques n'ont pas le défaut qu'ont les amours déçues ou les vains fantasmes : elles n'empoisonnent pas mes nuits les plus évanescentes, pas plus qu'elles ne s'ingénient à peupler avec une infinie malice mes longs moments d'ennui et mes angoisses d'échec.
Je suis à ce propos toujours touché, de manière absurde et rétrograde sans doute, par ces annonces désespérément codées, ces quelques bouteilles à la mer que l'on peut trouver entre un duplex dans le 16ème et un monospace de marque française dans un journal au losange couleur brique. Cela m'affecte parce que je fais partie de ceux qui trouvent dans cet apex de leur journée de quoi ne pas sombrer dans d'insondables abîmes de pessimisme. Et il y aurait pourtant de quoi.
Vous l'aurez compris, je me prends donc à rêver de la vie d'inconnues rencontrées au hasard de voyages en bus ou en train. Je me passionne pour la vie que je leur invente, j'extrapole leur existence à partir du roman ou de la revue qu'elles ont, avec un peu de chance, entre les mains. Je m'évertue avec une détermination forcenée à dresser un portrait complet à partir d'un regard fugace capté dans la masse des autres insignifiants usagers. Si j'ai plus de temps et si l'élue daigne descendre en même temps ou après moi, mon rêve prend la dimension d'un voyage qui n'a plus rien d'une relation Intercités.
Puisqu'il m'est impossible d'approcher l'une d'entre elles, au moins ai-je l'impression d'avoir réussi à compléter un bel album d'instantanés. Des clichés, au propre comme au figuré, des projections de l'esprit, des rêveries du voyageur solitaire. Je me plais à penser que j'ai vécu de courts instants avec chacune d'entre elles, que ce que j'ai si ardemment esquissé à leur propos avait quelque chose de vrai. Plus secrètement et bien moins fréquemment, je m'égare à penser qu'une fois le dos tourné, l'une d'entre elles, une des pièces de cette mosaïque, s'est également piquée d'une représentation de ce que je pouvais dégager, là, dans cet improbable wagon ou sur le siège râpeux au confort martial d'un antique bus diesel. Comme deux amants qui se séparent avec des regrets mal synchronisés.
Il s'agira pour moi de ne plus être, désormais, un simple passager clandestin.

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Commentaires
L
Il y a quelques clés. Encore faut-il les avoir, bien qu'il ne soit pas si compliqué que cela de les trouver. Mais je t'assure qu'avec une ou deux d'entre elles, on saisit presque l'ensemble.
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M
Il y a aussi un métro à Toulouse :P<br /> C'est toujours très dur de décrypter tes beaux articles, je dout d'y être jamais parvenue...
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