>> Roulette Russe.

7 juillet 2010

Je ne suis pas de ceux qui protestent vigoureusement sans raison valable.
En tant qu'étudiant, je ne suis pas franchement du genre mal loti, non, évidemment, j'ai gratté avec mes petites mains et ma non moins petite cervelle pendant deux ans comme un forcené pour passer des concours pas donnés.
J'ai réussi à rentrer dans une des écoles qui me tentaient vraiment et je suis passé devant ma banquière pour solliciter un prêt qui me fera commencer ma vie active avec 24000 € de dettes pour payer les trois ans et demi de scolarité.
J'ai trouvé un appartement pas trop cher mais qui demandait quand même un vrai sacrifice à ma famille, qui se saigne pour que je n'ai pas trop à souffrir d'être issu de la classe moyenne basse.
Deux étés que je travaille pour accumuler un tout petit peu et ne pas être dans le rouge à la fin des mois.
Je n'ai pas de livret d'épargne, rien que me permette de me sentir en sécurité.
Pas d'héritage en vue non plus.
Donc, en résumé, les APL me permettaient de vivre décemment chaque mois, elles m'autorisaient à acheter, de temps en temps, autre chose que des pâtes et du jambon. Je pouvais aller régulièrement au cinéma, puisque de toute façon, les orgies ne sont pas mon truc et que, comme vous l'aurez remarqué, je n'aurais pas les moyens de suivre.
Sans faire de misérabilisme, je soulignerais simplement que je n'ai pas le permis, donc, pas de voiture et pas de frais de carburant ni d'entretien.
Je fais en ce moment un stage rémunéré qui me permet de payer le loyer d'un appartement que je garde à Rouen du fait de situation et de son prix assez raisonnable...de fait, en janvier, j'aurais toutes les peines du monde à trouver de nouveau un si bon compromis.
Alors, comme depuis trois ans, non, je ne pars pas en vacances, là, avant tout parce que mon stage de six mois m'en empêche, mais il est évident que je n'en aurais de toute manière pas eu les moyens.
Et, dans les premiers jours d'un mois de juillet qui ne s'annonçait déjà pas sous les meilleurs auspices, j'apprends que mes parents et moi sommes placés devant un dilemme qui promet de faire débat et de ruiner de nombreuses relations parents/enfants : le gouvernement, dans sa grande sagesse et sa grande c****rie, a fait les bons choix pour réduire le déficit budgétaire qui, soit dit en passant, n'a absolument rien à voir avec un certain bouclier fiscal.
Oui, mes parents et moi allons devoir décider qui va gagner...soit mes parents conservent le bénéfice de leur demi-part que je représente en tant que majeur poursuivant ses études dans le supérieur sur leur déclaration d'impôts sur le revenu, soit je conserve mon APL mensuelle.
Donc, la paix dans les ménages n'en a que jusqu'à octobre et d'ici là, à vos calculatrices...
Personnellement, je suis dévasté, révolté et en colère, et j'espère vivement que quelque chose se lèvera face à ce véritable coup de poignard dans le dos pour une grande majorité des étudiants français.
Merci de m'avoir lu, et sûrement certains d'entre vous se reconnaîtront dans ces quelques lignes, du moins c'est ce que je crois.
Bien à vous,
Lucas.