>> Là, par la fenêtre...

Quand souvent encore, au détour d'un songe,
au fond d'un verre bien trop vide,
dans d'autres yeux que les tiens,
ton sourire m'est donné en supplice.
Quand toutes les bossa nova,
les pianistes de jazz,
les chanteuses de fado et les folk singers
me rappellent à ma condition.
Lorsque le sable s'empresse de fuir entre mes doigts,
que l'océan me somme de choisir entre le bruit de l'onde et ta voix,
comme parmi autant de poèmes cachés mais écrits pour toi,
de bouteilles à la mer que l'on n'ouvrira pas.
De l'ardoise et une craie.
Pour rayer d'un trait ce qui ne fut, n'est et ne sera jamais.
Des portes que l'on ferme en prenant soin d'y oublier les clés.
Au cas où quelqu'un finirait par les voler.
Une vie d'émérite serrurier.
Là, par la fenêtre, l'horizon n'est pas rectiligne.
S'y trouve très sûrement celle pour qui il serait indispensable et nécessaire
que je perde mon temps, que j'efface les heures.
Quitte à noyer des montres, à renverser des pendules.
À me laisser étourdir par la valse des aiguilles.
Là-bas, la tête par la fenêtre, je vois les bouteilles flotter vers un soleil rouge.
J'y vois celle pour qui j'oublierais qu'il y a un sol et un plafond.
Une terre et un ciel, une carte et des boussoles.
Qu'il y a une place pour chaque chose.
Oui, j'y vois celle qui deviendrait le référentiel, le centre.
La source qui jaillit au milieu des lichens et autres mousses.
Le myosotis au milieu des souillures.
Le sommeil de celui qui ne sait pas comment il est rentré chez lui.
Un sourire qui serait un délice.